Lou Càrri, en provençal signifie "le Char" Le défilé comportait, outre le seigneur et les consuls, des dignitaires de pacotille tels que les contrôleur de clapiers ou de melons, les goûteurs de flasques de vin ... ainsi que les seigneurs des escargots et des hannetons, représentant alors les calamités s'abattant sur les cultures et donc sur le pauvre peuple. S'y sont ajoutés au fil des siècles, un orchestre, des trompettes, de la cavalerie ... et une imposante traîne de 20 à 25 chevaux en ligne tirant le char (lou càrri) du seigneur.
LA TRAINE ET LE CHAR DE SEIGNEUR EN 1980
Tout ce beau monde, à pied, grimpé sur des charrettes, ou à dos de cheval et de mule,partait en cortège de MAZAN pour s'en aller vers les bois du Bon Remède ou du Rouret entendre la messe puis banqueter joyeusement. Le retour vespéral se terminait en liesse par le tour du village au cours duquel un greffier proclamait, à chaque Porte fortifiée, les statuts revendicatifs qu'il avait rédigés. La journée s'achevait par un bal populaire, et le mécontentement était ainsi jugulé pour un an.
LE SEIGNEUR DES ESCARGOTS ET LE SEIGNEUR DES HANNETONS EN 2000
VISITEURS DE FLASQUES EN 2000
Après 1789, la manifestation tomba en désuétude pour cause de changement de régime. Même si la fréquence du Càrri ne fut plus finalement qu'une fois tous les 20 ans, le souvenir de son origine est toujours vivace chez les Mazanais et il a gardé son caractère de fronde, de moquerie et de réjouissances. Par ailleurs cette périodicité d'une vingtaine d'années en fait un événement exceptionnel et marquant de la vie du village, fédérant à la fois toutes les classes de la société et toutes les générations.
LA COUR DU CARRI EN 1927
LE BANQUET SOUS LES CHENES EN 1948
Le Mazanais et son Càrri, c'est 3 siècles de tradition, un peu particulière puisqu'elle ne se réveille, pourrait-on dire, que tous les 20 ans, ramenée à 10 ans pour le Càrri 2010. Mais ce serait mal connaître le caractère de nos concitoyens qui sont assez " pétardiers " prompts à s'enflammer et qui n'aiment pas l’injustice, surtout quand elle touche leurs biens ou leurs personnes!
Aussi, la durée n'a aucune
influence sur la résurgence en temps voulu du besoin de " faire le
Càrri " .De plus la mondialisation actuelle ou, plus près de nous,
l'européanisation modifiant profondément nos vies et nos coutumes sans
épargner le monde agricole, on observe une continuité du mécontentement
et un renforcement général de l'attachement à nos racines. Il n'est
qu'à voir dans notre région toutes les manifestations qui ont lieu tous
les ans, en particulier les fameuses "càrreto ramado" .
C'est donc un besoin
bien enraciné qui pousse le Mazanais à prendre durant un an, de son
temps et de son argent pour préparer une fête d'un jour qui sera
joyeuse, burlesque mais aussi revendicative.
Le Càrri fut célébré, en
: 1889 et 1890, 1898, 1927 et 1928, 1948 et 1949, 1980 et 1981, 2000.
Il le sera en l'an 2010 pour tous les Mazanais.
Il est à remarquer qu'en général le Càrri se fait deux années de suite (peut-être pour compenser l'écart de 20 ans), qu'en 1948 il eut lieu seulement 3 ans après la fin de la guerre ( peut-être aussi pour oublier les années de souffrance) et que 31 ans ont passé ensuite avant celui de 1980. Il faut préciser que son organisation et le souci de faire une belle fête, mettent à rude épreuve la volonté des organisateurs bénévoles et peut être pensent-ils alors qu'il ne sera plus possible de le refaire 20 ans plus tard?
Le Càrri
c'est également :
environ
300 personnes costumées pour le cortège proprement dit, plus les
groupes de danse et d'animation. En 2010 une partie de la population
sera vêtue en habits comtadins.
une centaine de chevaux de selle, de trait, mules et autres ânes.
quelques milliers de kilomètres parcourus en préparation.
des
milliers d'heures de travail durant un an et demi.
la
mobilisation de tout un village.
environ
30.000 spectateurs.
un
budget prévisionnel de 153 000€ pour l'an 2010.
La
difficulté et le coût de l'organisation vont croissant au fil des
années. A titre indicatif, par exemple:
En
1980 et 2000, tous les costumes avaient été loués. Pour 2010, les
costumes de l’ensemble de la cavalerie sont confectionnés par la
commission couture de l’association, oeuvrant depuis janvier 2008.
LE CHAR DE LA MUSIQUE EN 2000
En
1948, chaque participant venait avec son cheval (outil de travail)
utilisé aussi bien pour la traîne que comme cheval de selle. En 2010,
si on trouve assez facilement des chevaux de selle, ceux de la traîne
seront eux, loués à des professionnels qui ont un calendrier de
disponibilité très serrés avec des prix conséquents.
Déjà en 1980,
il s'était greffé à la fête populaire locale, un souci d'attirer des
spectateurs extérieurs (français et étrangers ) dans le but légitime de
mieux faire connaître le village et la région, en particulier sur le
plan touristique.
Le Comtat Venaissin et les Pays du Ventoux,
entre autres, ne peuvent être que bénéficiaires d'un événement capable
d'attirer 30 à 40.000 personnes sur un seul jour. Sur ce nombre nul
doute qu'une bonne partie aura envie de mieux connaître notre région et
y reviendra.
En contrepartie de ce succès, deux secteurs de l'organisation ont vu leurs charges grimper en flèche. Il s'agit de :
La
sécurité des spectateurs et des participants, aussi bien préventive
qu'en cas d'accident, qui a pris une importance considérable tant en
fonction de l'importance du public que de la qualité des moyens à
mettre en œuvre (gendarmerie, pompiers, ambulances, éventuellement
hélicoptère sanitaire à proximité ... )
Les problèmes de circulation
automobile, de parkings, d'aménagement des terrains et d'acheminement
du public vers ces parkings et qui étaient tout bonnement impensables
en 1948;
Un budget Communication très important qui n'existait pratiquement pas en 1948.
LA POPULATION EN COSTUMES COMTADINS EN 2000
Il
est bien évident que si en 2010 le Càrri a encore plus de succès qu'en
2000, personne ne boudera son plaisir, aussi les Mazanais feront tout
pour cela mais au-delà du bénévolat de tout le village, toutes les
autres prestations ont malheureusement un coût qui a été évalué dans le
budget prévisionnel. Quoiqu'on puisse penser de ce coût, il est
nécessaire que le Càrri ait lieu, tant il est exceptionnel par sa
rareté, son panache et son imbrication dans le caractère et la vie de
la cité, ce qui le différencie notablement d'une simple fête
folklorique estivale organisée toutes les années.
Chaque
Càrri donne le sentiment qu'il est le dernier, qu'on ne pourra plus
jamais le faire…la période inhabituelle de 30 ans entre 1948 et 1980
l'illustrant parfaitement.
Alors" faisons le Càrri 2010 et, ensuite rendez-vous en 2020, mais ce n'est pas sûr !
LES CANTINIERES ou VIVANDIERES EN 2000.